Patrice Des Moutis alias Monsieur X, l’homme qui hacka le PMU
Patrice des Moutis, surnommé «Monsieur X», a marqué l’histoire du PMU, et même s’il en fut longtemps la bête noire, il a fortement contribué à son évolution.
Acte I: Le premier pari
Ingénieur centralien, parmi les meilleurs de sa promo, il travaille dans la gestion de risques pour les compagnies d’assurance lorsqu’à l’âge de 38ans, un ami lui parle du PMU. Il cherche alors à appliquer ses techniques de gestion de risque dans le domaine du pari hippique, et joue son premier tiercé le 11 novembre 1958.
La technique qu’il emploie est finalement relativement simple : sur une course de 17 chevaux, il met en tête la favorite de l’épreuve Messenia, et élimine 9 chevaux qu’il estime improbables. Il lui reste alors 7 chevaux, dont il effectue toutes les combinaisons pour la 2ème et 3ème place, en jouant les 2 ordres possibles à chaque fois. Il joue 35 fois la mise de base pour chacune de ces 42 combinaisons, soit une mise totale de 294 000 (anciens) francs.
La favorite Messenia arrive en tête, suivie de 2 chevaux sélectionnés par Des Moutis parmi les 7.
Il gagne donc le tiercé 35 fois dans l’ordre et 35 fois dans le désordre, soit 5 millions de francs (l’équivalent de 7600€ aujourd’hui) , auxquels s’additionneront le soir-même 22 millions supplémentaires, celui-ci bénéficiant d’une surcôte !
Acte II: Le PMU s’inquiète et réagit
Galvanisé par ce succès, Des Moutis continue à jouer en affinant sa technique. Il sélectionne notamment les courses, en ne jouant que les plus faciles, où les favoris ont le plus de chance de gagner. Et il joue de plus en plus gros sur ces courses, allant jusqu’à miser la somme de 80 millions de francs (plus de 120 000€ !). Ses gains se chiffrent en centaines de millions de francs, et le 14 juillet 1961, il va jusqu’à toucher le tiercé 500 fois dans l’ordre et 2500 fois dans le désordre, soit plus de 200 millions de francs pour une mise de plus de 68 millions !
Le PMU s’inquiète de ce parieur hors-normes, qui concentre à lui-seul une part très importante des gains des joueurs, et risque de les faire fuir. Le directeur du PMU André Carrus sollicite alors Marcel Boussac, grand industriel du textile, éleveur de chevaux de courses, propriétaire du journal Paris-Turf, et surtout président de la respectée Société d’Encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France. André Carrus lui suggère son idée de mettre en place une mise maximum au tiercé, afin d’éviter qu’un joueur aux moyens disproportionnés ait un trop gros avantage par rapport aux autres joueurs, et que ses moyens ne finissent par introduire de la corruption dans les courses. Marcel Boussac se montre sensible à ces arguments et convainc à son tour Edgar Pisani, ministre de l’agriculture. Un décret ministériel est signé quelques semaines plus tard et empêche qu’une même combinaison de 3 chevaux soit jouée plus de 25 fois sur un même ticket.
Acte III: la nouvelle faille
Mais Des Moutis voit aussitôt la faille du texte: pour contourner la règle, il suffit simplement de jouer plusieurs tickets ! L’homme, joueur, va même faire part de cette faille à André Carrus, et continue de jouer mais en utilisant cette fois plusieurs tickets. Les gains ne se font pas attendre, en novembre 1961 Monsieur X gagne à Auteuil la somme de 5,4 millions de francs, après avoir joué le tiercé gagnant 100 fois, sur 4 tickets différents, pour une mise totale de 4800 francs.
André Carrus, exaspéré, fait modifier le décret ministériel, qui stipule désormais qu’un même bureau du PMU ne peut enregistrer un coefficient supérieur à 25 pour un même parieur, sur l’ensemble de ses tickets.
Acte IV: jamais 2 sans 3!
A nouveau, Des Moutis trouve immédiatement la parade: il reste toujours possible de jouer une combinaison plus de 25 fois, à condition de la jouer dans des bureaux PMU différents !
Il met en œuvre cette nouvelle technique le 1er janvier 1962 à Vincennes, et enregistre ses paris dans 92 bureaux PMU de Paris ! Il retient 6 chevaux dont il joue toutes les combinaisons de 3, dans tous les ordres, soit un total de 120 combinaisons. Sa mise totale de 55 millions de francs est colossale, mais ses gains le sont encore plus: il touche cette fois plus de 492 millions de francs ! André Carrus se voit contraint de remettre le gain en personne à Patrice Des Moutis, sous forme de chèque au porteur.
Acte V: la chute
Le 16 mai 1962, le décret est donc à nouveau modifié, limitant les enjeux à 60 nouveaux francs par joueur et par tiercé, quel que soit le nombre de tickets et de bureaux PMU utilisés.
Cette fois, Des Moutis est à court d’idée pour contrecarrer le nouveau décret. Ou plutôt, l’idée qu’il va trouver sera illégale. Le 7 décembre 1962, pour le prix de Bordeaux, 83 joueurs jouent la même combinaison à travers la France, et gagnent ensemble plus de 4 millions Francs. Mais le PMU réalise rapidement que parmi ces joueurs se trouvent le beau-frère et le tailleur de Patrice Des Moutis, et que M. X a retiré près de 40 millions de francs avant la course. Pour le PMU il ne fait aucun doute que Des Moutis est à nouveau impliqué et utilise maintenant des hommes de paille. Les gains sont alors bloqués, et une plainte contre X est déposée pour violation du règlement du PMU.
Epilogue
De cette dernière confrontation avec le PMU, Des Moutis tirera son surnom de Monsieur X, pseudonyme qu’il emploiera en tant que conseiller pour des journaux hippiques. Interdit de jeu en France, Grande-Bretagne et Irlande, il continue cependant de parier, via ses proches.
Jusqu’en 1973, où son nom réapparaît dans une affaire de paris truqués: des jockeys sont accusés d’avoir volontairement perdu le prix de Bride Abattue, et Des Moutis en est un des bénéficiaires. Il est écroué à Fresnes le 21 février 1975, pour 142 jours de détention préventive, avant d’assister à son procès qui se déroulera sur 6 jours et sera suivi de 2 mois de délibéré. Il est relaxé faute de preuve, mais cet épisode le marque profondément.
Le 17 octobre 1975, quelques jours après sa sortie de prison et une semaine avant la date prévue de sa comparution au tribunal pour une nouvelle affaire, il se donne la mort à son domicile de Saint-Cloud. Son fils, qui contestait publiquement les circonstances du décès de son père, connaîtra le même sort quelques temps plus tard.
Retrouvez ci-dessous une compilation d’interviews de Patrice des Moutis, qui permettent de mieux comprendre l’homme :
L’histoire de Patrice des Moutis n’est pas sans rappeler celle de Bill Benter qui, plus proche de notre époque, connaîtra plus de succès, et deviendra grâce à sa formule et son logiciel le plus grand parieur hippique de tous les temps.
cest norbert je veux pas conaitre patrice de moutis il est voleur du pmu